20 novembre 2025 | Université de Nanterre
Lucien Dugaz ; Sandra Provini ; Julien Dehut ; Josselin Morvan ; Christophe Schuwey
Journée Octovien de Saint-Gelais
L’Énéide
Lucien Dugaz
Première traduction fr. de l’Énéide vers 1500.
Il est connu pour son Séjour d’honneur, qui a déjà été édité, mais tout le reste est inédit. Il meurt jeune de maladie.
Il a été redécouvert par les historiens de l’art, car ses manuscrits disposent de très belles enluminures.
L’Énéides avait plus ou moins déjà été traduite ou tout du moins adaptée au XIIe siècle, avec le roman d’Énéas, mais c’est plus une adaptation, plus ou moins lointaine. Il y en a eu une autre vers [1400 ?], mais adaptation aussi. Avec Saint-Gelais tout change, c’est une vrais traduction qu’il fait, tous les vers sont présents.
Louis XII à cette période part à la conquête de Italie, et il y a un parallèle flagrant avec Énée qui quitte Troye en flamme pour aller en Italie. On souhaite justifier le fait que la royauté française descend directement d’Énée.
L’élégie est à la mode au XVIe siècle.
La question est comment traduire Virgile en Latin :
Arma virumque cano…
Pour les deux premiers hexamètres dactiliques il utilise un certains nombre de vers. Tous simplement parce qu’il ajoute dans sa traduction les commentaire de Servius.
Il nous reste 4 manuscrits :
- (A) français 861, le seul complet ;
- français 866 ;
- un exemplaire à La Haye
- (B) le dernier à Philadelphie (avec des lettres-cadeaux à grelots)
Le manuscrit de Philadelphie est supérieur au français 861, qui est plus proche de la version latine, sur une 15aine de leçons.
Outre ces manuscrits, il y a eu 5 éditions imprimées en 1510 et 1540. La première a été imprimée en 1510 par Vérard, qui a demandé des remaniements par Jehan Divry. Son remaniement a principalement été lexical, pour simplifier la compréhension du texte. Il y a aussi la volonté de dédialectiser le texte (charentais).
Vérard avait aussi prévu des exemplaires de luxe sur vélin, avec bois gravés. Ce sont des réemplois.
Les variantes graphiques n’ont pas été encodées, mais les variantes dialectales oui.
Concernant l’édition, utilisation des méthodes HTR pour avoir le texte. Ensuite encodage XML-TEI. Pas d’alignement avec le latin, car pour 2 vers latin, on peut en avoir beaucoup plus dans la traduction, simplement indication des vers latin concerné.
Certaines métadonnées pose des problèmes à l’affichage, notamment les interventions des copistes.
Q° :
dans le travail d’éditeur on encode tout
Doit-on être exhaustif dans le rendu ? ne peut-on pas proposer les sources qui seront de grandes aides pour le chercheur.
Les héroïdes
Sandra Provini ; Julien Dehut ; Josselin Morvan
Le genre des Héroïdes connait une grand succès au XVIe siècle.
Octovien de Saint-Gelais est le premier traducteur des Héroïdes d’Ovide. Il offre deux manuscrits à la familles royale, tous deux richement enluminés. Il existe 15 témoins ce qui est énorme.
Deux éditions critiques ont été ébauchés, Maryse Deschamps en 1988 qui choisi P3 comme témoin de base.
K. Chesney elle choisi une autre témoin, P1.
S. Provini propose de retenir le manuscrit G, qui se trouve au Getty et qui ne contient que 5 héroïdes. Mais en même temps c’est certainement un manuscrit d’aparât, on peut donc penser que les plus proche de G seraient les plus proches du manuscrit original.
Tout comme l’Énéide, le texte est accompagné de commentaires italien.
Il faut tenir compte des imprimés, peut être plus que pour l’Enéide. Plusieurs manuscrits suivent directement des éditions imprimées, mais il y a beaucoup d’éditions, une 20aine.
L’édition du livre 10 des Métamorphoses d’Ovide par Michel d’Amboise avait réussi à aligner la traduction et la version latine.
S. P. aimerait repérer les latinismes, qui n’étaient pas très bien acceptés. Constituer une lexique. L’édition numérique doit faire une large place aux illustrations (miniature, bois gravés des imprimés)
Second volet du projet, c’est d’étudier le succès des héroïdes et de l’épitre à la suite de Saint-Gelais. Constitution d’une anthologie des héroïdes. Ce volet est inscrit dans un volet pédagogique associant les M2 humanités numériques. Les étudiants transcrivent et balisent les textes, puis transformation XSLT pour réfléchir aux scénarios de transformation.
L’anthologie est un projet ouvert à d’autres enseignants d’autres universités.
Q°
pourquoi ne pas proposer un texte complètement modernisé ?
Il faudrait aller jusqu’à la translation, cela pose des problèmes avec le rythme, les césure, les rimes, etc. Nécessite aussi un encodage très lourd. La translation pose aussi la question de savoir jusqu’où on va ?
L’édition de la lyrique d’Octovien de Saint Gelais
Lucien Dugaz
Travail initié lors d’un postdoctorat à l’UNIL.
Projet de Lemaire à l’origine, enseignant, qui écrit un article en 77 à cet effet, mais il n’aboutira pas.
Saint-Gelais, le poëte, est très apprécié en son temps (Clément Marot, Bouchet, etc.). Il existe un autre Saint-Gelais, Mellin, on ne sait pas si c’est sont fils (il était évêque), ou un neveu d’Octovien.
Lemaire a tout répertorié, notamment, 2 manuscrits important (NAF 1158, Rothschild 2xxx?, et la Chasse de Vérard). La Chasse est moins complet que les deux manuscrits
Dans le NAF, on a les textes d’Octovien et à la suite ceux de Mellin (même chose pour le Rothschild ?)
Sur la diffusion des textes :
Les rondeaux de Saint-Gelais ont été mis en musique, ce qui est un bon marqueur de la réception de Saint-Gelais. Mais les rondeaux circulent beaucoup et présentent donc de nombreuses variantes.
La complainte sur la mort de Charles VIII, il sera d’ailleurs dans le cortège funéraire, et seront immédiatement imprimés des plaquettes, 1 pour la complainte et 3 pour l’épitaphe, et surtout ces texte seront insérés dans le Vergier d’honneur, mais dans cet ouvrage, bien que présenté comme une œuvre de Saint-Gelais, il n’y a que la complainte et l’épitaphe qui sont présentes, tout le reste est d’André de La Vigne, (ou tout du moin rassemblé par lui car il n’a certainement pas tout écrit : les textes ne sont pas signés dans le Vergier d’honneur). Cet ouvrage est un peu particulier, car on passe d’un Ôde à Marie à un rondeau sur la vielle putain, mais il sera réédité 8 fois ce qui montre qu’il a eu un certain succès.
D’autres textes de Saint-Gelais ont par ailleurs été retrouvés, qui ne sont pas dans les recueils, notamment les Trois Bussines qui avait été attribué certainement à tord à Adrien de Saint-Gelais, poète normand (qu’on ne retrouve nul part ailleurs), mais en lisant le texte on s’aperçoit qu’il y a beaucoup de similitude avec les autres textes de Saint-Gelais (beaucoup d’apax qui ne se trouvent que dans Saint-Gelais, graphies charentaises, miniatures de Robinet Testard ou très inspirées de lui). Ce qu’on ne sait pas, c’est d’où vient ce Adrien.
Autre texte, l’Epistre de la vertue attribué à un Saint-Gelais, dont on ignore le prénom. A priori, texte de circonstance pour la mort du roi, père de François 1er. Or Mellin n’écrit pas avant 1529, aucune raison donc d’écrire un texte de circonstance : il est donc probable que ce soit un texte de Saint-Gelais.
Si on revient au NAF 1158, qui contient Octovien et Mellin, mais il est possible que ce soit la même main qui ait écrit tout le recueil. Il est possible que ce soit un recueil de famille ?
Sur la lettrine du f. 137r, il y a un philactère avec la mention Tunc Saciabor qui a été à un moment donné la devise des Saint Gelais, devise qu’on retrouvait sur la chapelle Saint-Gelais dans la cathédrale d’Angoulême (qui a été mise à terre). La pierre où était cette devise a été conservée, et on a même un portrait en bas relief, seul portait de Saint-Gelais dont nous disposions.
Il avait certainement un réseau de lecteur local, la famille Chabanne notamment, qui détient deux manuscrits richement enluminés, (c’est un appel aux historiens de l’art) peut être par le même enlumineur (beaucoup de similitude dans les architectures présentes, dans le dais, etc.), question de réseau de lecteurs locaux, mais aussi, mais aussi réseau de production local.