23 octobre 2024 | Université de Rouen

Marcello Vitali-Rosati ; Tony Gheeraert ; Hélène Hote ; Anaïs Lebreton ; Anaïs Monchy ; Joann Elart ; Michaël Sinatra ; Sandra Provini ; Sylvain Ledda ; Florence Naugrette

Lancement de la Chaire d’excellence en édition numérique

« La collection “Arion” aux PURH : l’édition savante autrement »

Hélène Hôte (CÉRÉdI), Anaïs Lebreton (PURH), Anaïs Monchy (PURH)

« Le moteur de recherche de la musicologie numérique : MusicaSearch »

Joann Elart

Consortium Musica2, un des dix consortiums porté par Huma-Num. Travail sur l’interopérabilité des projets en musicologie. MusicaSearch est un moteur de recherche des projets et des données en musicologie numérique. C’est une sorte de facilitateur d’accès vers les différents projets. Recherche des contenus à partir de Bruzane, Data BnF, Dezède et ReFAR, mais d’autre services seront moissonnés par MusicSearch. Les connections se sont avec des endpoints API, OAI-PMH et Sparql.

« Héroïdes numériques »

Sandra Provini (Université de Rouen Normandie/IUF)

Saint-Gelais est le premier traducteur des Héroïdes d’Ovides au 15e.

Premier contact avec les Héroïdes lors du projet CorNum, avec l’édition des Contrepistres de Michel D’Amboise, édition numériques réalisées avec XMl-TEI et Max, en réalité D’Amboise s’adresse aux traductions de Saint-Gelais.

L’édition mettra côte à côte la traduction et le texte antique. Elle permettra aussi d’identifier les ajouts du traducteur ainsi que les passages non traduits. Un commentaire de l’œuvre sera introduit afin de le rendre le texte plus compréhensible. Un lexique des néologisme introduits par Saint-Gelais. Elle comportera également des éléments codicologiques, mais aussi les reproductions des miniatures.

Les étudiants du master HN sont impliqués, et dynamique d’ouverture à des collaborations avec d’autres chercheurs.

« Site Musset »

Sylvain Ledda (Université de Rouen Normandie et directeur du CÉRÉdI)

Le site Flaubert était un modèle, une inspiration, tout comme le dictionnaire Montesquieu. Les objectifs était de :

  • diffuser et faire rayonner l’œuvre de Musset ;
  • établir une bibliographie exhaustive ;
  • concevoir la visite d’un musée virtuel ;
  • proposer un dictionnaire Musset bilingue ;
  • rendre accessible les manuscrits et dessins de Musset ;
  • conduire un thésaurus des mises en scène du théâtre de Musset.

« Correspondance de Juliette Drouet »

Florence Naugrette

Un des plus anciens site du CÉRÉdI. Il date de 2012. L’idée était que FN avait trouvé les 22000 lettres écrites par JD à Victor Hugo. En réalité, c’est une journal épistolaire. JD était la première commentatrice de Hugo, c’était d’abord un travail de documentation sur Hugo, mais en réalité découverte d’une femme, d’un personnage, et aussi d’une mine d’information sur la vie de tous jours au XIXe siècle, sur les hommes que côtoyait Hugo. La solution éditoriale idéale était donc le site. Dès 2006, FN associe les étudiants pour transcrire la correspondance, dans le cadre de leur master. La transcription n’est pas diplomatique, c’est surtout le contenu qui est intéressant. Au début ce sont surtout des billets pour se donner rdv, etc. puis ils deviennent une foyer “adultère”. À partir du moment où il l’entretient, il lui demande un compte rendu journalier de sa vie. Il en a fait en quelque sorte une écrivaine.

Aujourd’hui toutes les lettres ont été transcrites, mais seules 14500 sont en ligne. La numérisation des documents à été financé par le CÉRÉdI. La mise en ligne est effectuée par des étudiants, dans le cadre de vacations, et le site est administré par Hélène Hote.

Un index thématique a aussi été réalisé à partir des thèmes qui intéressent Juliette Drouet, et qui permettrait de réaliser des anthologies thématiques.

C’est la matière qui pense

Marcello Vitalli-Rosati

L’écriture est terrible, elle est semblable à la peinture. Platon, dans Phaed son dialogue critique de l’écriture. L’écriture est présentée comme quelque chose de terrible. Les choses horribles en grec ont quelque chose de monstrueux. C’est quelque chose qui dépasse la mesure, c’est l’outrecuidance. Mais elle est aussi divine.

L’écriture matérielle est celle qui produit du sens, c’est ce qui nous fait peur. Ce n’est pas l’être humain qui pense, c’est la matière. C’est jamais l’être humain qui pense chez Socrate ? ce sont les nymphes, c’est la platane qui m’a suggéré, etc.

De fait qui pense ? C’est la matière. Si la matière pense, quelle est la place de toutes les activités matérielles considérées comme triviales ? Qui sommes nous ?

Dans les années 20 Otto Stern et Gerlach veulent tester l’hypothèse de Bore sur la quantification de l’espace. Ils imaginent l’expérience suivante de faire passer des atomes d’argent entre deux magnets puis on observe le résultat, la trace du faisceau d’argent, sur une plaque de verre placée derrière. Le faisceau ne devrait pas être subir d’influence, mais en réalité le faisceau se sépare en 2. Cette expérience a montré le spin de l’électron, mais pas la quantification de l’espace. Ils ne savaient pas vraiment ce qu’ils cherchaient. Dans tous les cas, au début ils ne voient pas de résultat du tout mais Stern fume de mauvais cigare, car il est mal payé, et c’est le souffre qui sera révélateur du résultat. Que doit-on en conclure ? Qui produit la découverte, le sens de l’observation ?

Matter Matters! la matière compte

Dans les sciences humaines, il y a une idéalisation du texte. Pyramide de valeurs :

  • en haut de la pyramide, texte imperceptible => immatérialité et donc forcément humain ()
  • en bas de la pyramide, c’est la matière, l’électricité, les logiciels, etc.

Ver une théorie de l’édition ? La théorie de l’édition es l’approche nécessaire pour comprendre de quelle manière le sens émerge d’un contexte matériel particulier, peut être que la pyramide ne marche pas. La matière n’émerge pas du grand auteur mais d’un contexte particulier. De quelle manière prend un sens.

What is Text, Really?, peut être qu’il faut poser une autre question et voir le texte comme résultat intra-action. Comment un texte acquiert du sens ?

Les concepts ne sont pas dans l’esprit du philologue, ils s’incarnent dans la matière. Chaque incarnation matérielle apporte un sens particulier.

La théorie du texte :

  • la matérialité du texte est son sens, il n’est pas possible d’imaginer une théorie du texte qui ferait abstraction de cette matérialité ;
  • il n’est pas possible de trouver une modélisation du texte qui soit universelle. Il n’est pas possible de répondre à la question What is text, really? il n’y a autant d’incarnation qu’il y a de texte.

La question de Jean-Guy Meunier

  • modèle théorique ou représentationel ou conceptuel, toujours local et contextuel ;
  • modèle formel ou fonctionnel ou mathématique, ou computationel ;
  • modèle matériel ou physique.

Mais en fait ces trois étapes n’existent pas de manière distincte, les trois font partie d’une unité qu’on ne peut défaire : le cercle de modélisation.

Le modèle abstrait qui arrive avant, et émane donc du haut de la pyramide, est en fait un modèle pauvre, celui qui est riche est celui qui descend de la pyramide, qui subit donc des manipulations, chaque étape est un enrichissement.

Voir Parcours numériques : Qu’est-ce qu’un “livre augmenté” ? Ils partent d’un texte brut, linéaire, puis ils se demandent ce qu’est un contenu additionnel, ils passent à un texte tabulaire (bdd), mais on ne peut pas tout faire par exemple indexer un terme, donc nécessite de créer une script bash, hors, en temps normal jamais un auteur n’a conscience de la complexité de ces étapes, mais ils peuvent donc définir ce qu’est un contenu additionnel. Cela à trois conséquences :

  • pluralité de modèles (XML et DeRose, permet de représenter le texte comme une hiérarchie, mais ce n’est qu’une approche, parmi d’autres) ;
  • les modèle théorique, formel et matériel ne font qu’un. Qui produit le sens ? Cela dépend du prisme par lequel on regarde ce peut être le chercheur, mais aussi ceux qui ont créé le format ou encore le format lui même ;
  • qu’est-ce qu’un être humain, car si les frontières tombent entre ce qui est en haut et en bas, alors elles tombent aussi entre l’humain et ce qui n’est pas humain, ou fonctionnel.

C’est le Post Huma Studies. L’homme de vitruve est en fait un commentaire de texte. On dit souvent que Léonard ne respecte pas Vitruve, mais en fait De Vinci n’a accès au texte de Vitruve que par les copies de son époque, qui ne sont pas parfaites et qui comporte des erreurs.

On comprend alors que le texte est incarné, et que c’est la matière qui pense.

Conclusion :

  • On peut abandonner les hiérarchies et les pyramides
  • on peut adopter des conjonctures, comme des relations entre les états. La valeur symbolique doit être redistribuée. ON peut peut être développer une théorie de l’édition qui nous permette de nous concentré sur la matérialité, qui produit du sens, et peut être abandonnée l’humain. C’est la matière qui pense, celui oblige à repenser le rôle du texte, des formats, des langages, etc.